Stratégie astucieuse d’une aînée pour réduire les frais de transmission immobilière

Publié le 5 mai 2025
MAJ le 6 juin 2025

Découvrez comment une habitante de Paris a contourné les droits de succession en léguant sa propriété sans impacter financièrement ses héritiers.

Un défi financier pour de nombreuses familles : les héritages coûteux

Appartement parisien représentant un héritage immobilier

En France, recevoir un héritage peut rapidement devenir un casse-tête financier. Contrairement aux idées reçues, transmettre un patrimoine s’accompagne souvent de frais de succession importants, plongeant de nombreux foyers dans des difficultés inattendues. Le système fiscal français, avec ses abattements limités (100 000€ entre parents et enfants), montre rapidement ses limites pour les biens immobiliers, surtout dans les zones tendues comme la capitale.

Prenez le cas de Louise, nonagénaire propriétaire d’un spacieux appartement dans le 15ème arrondissement de Paris, évalué à 1,4 million d’euros. Cette mère d’une fille unique s’inquiétait particulièrement du poids fiscal que représenterait la transmission de ce bien pour son unique héritière.

Une approche maline : le testament avec option de cantonnement

Document juridique représentant un testament

Plutôt que d’appliquer le schéma successoral classique, Louise a opté pour une solution plus stratégique : établir un testament spécifique désignant sa fille Marie comme légataire universelle.

Cette décision, qui pourrait paraître anodine au premier abord, change radicalement la donne. En effet, ce statut particulier permet à Marie d’exercer ce qu’on appelle le droit de cantonnement : la possibilité d’accepter seulement une partie de l’héritage et de refuser le reste, qui peut alors être transmis à d’autres bénéficiaires – dans ce cas précis, ses propres enfants.

Un mécanisme de transmission en deux temps

Schéma expliquant la transmission patrimoniale

Marie a ainsi choisi de ne recevoir que l’usufruit du logement – c’est-à-dire le droit d’usage et de perception des revenus locatifs – tandis que la nue-propriété était directement attribuée à ses deux enfants. Cette répartition présente plusieurs avantages :

  • Marie conserve la jouissance du bien : elle peut y résider ou le mettre en location.
  • Ses enfants, Jade et Antoine, deviennent propriétaires en titre, sans avoir à supporter de nouveaux droits de succession lors du décès de leur mère.

Bilan ? Le patrimoine est intelligemment réparti, la charge fiscale est divisée entre trois personnes, et l’assiette taxable se trouve considérablement réduite.

Un gain fiscal impressionnant : 508 818 € économisés

Calculatrice et documents fiscaux

Sans cette optimisation, Marie aurait hérité de la totalité du bien, avec une base taxable de 1,3 million d’euros après abattement. Avec un barème progressif atteignant 40%, la facture fiscale aurait dépassé 762 000 €.

Grâce à la stratégie mise en place :

  • Marie ne paie des droits que sur la valeur de l’usufruit (estimée à 560 000 € compte tenu de son âge), soit 90 194 €.
  • Ses enfants supportent chacun 81 833 € pour leur part de nue-propriété (840 000 € répartis à parts égales).

Total des droits payés : 253 861 €, soit une économie substantielle de 508 818 € ! Cerise sur le gâteau : Jade et Antoine deviendront pleinement propriétaires au décès de leur mère sans nouvelle imposition.

Une technique légale mais sous-utilisée

Bien que parfaitement conforme à la loi, cette approche reste méconnue du grand public. Comme le souligne Maître Antoine de Ravel d’Esclapon, notaire spécialisé, cette optimisation successorale nécessite une expertise fine des subtilités du droit fiscal et des règles de transmission.

Attention : cette solution ne concerne pas que les grandes fortunes ! Que vous possédiez un modeste logement, des placements financiers ou une entreprise familiale, cette stratégie peut s’avérer pertinente pour tous les patrimoines, à condition d’être bien conseillé.

En conclusion : transmettre sans se saigner

Grâce à cette astuce juridique, Louise a pu préserver son autonomie financière jusqu’au bout tout en protégeant ses descendants d’une fiscalité excessive. On parle ici d’un véritable montage « sur mesure », où chaque aspect juridique a été minutieusement calibré.

Cette histoire nous rappelle qu’en matière de succession, l’anticipation fait toute la différence. Un bon conseil juridique peut permettre d’économiser des sommes colossales. Parfois, une simple clause testamentaire bien rédigée suffit à transformer radicalement l’impact fiscal d’une transmission patrimoniale.