Le lien insoupçonné entre la flore intestinale et les origines de l’autisme

Publié le 12 septembre 2025

Et si l'équilibre microbien intestinal détenait une clé essentielle du développement cérébral ? Des recherches récentes suggèrent que le microbiote de la mère jouerait un rôle déterminant dans la formation neurologique du fœtus. Une découverte révolutionnaire qui éclaire d'un jour nouveau les mécanismes potentiels derrière les troubles du spectre autistique.

Une découverte qui nous rappelle à quel point notre santé globale – et celle de nos enfants – est intimement liée à notre flore intestinale.

Le microbiote : un monde invisible aux conséquences surprenantes

Notre microbiote intestinal constitue un écosystème incroyablement riche, peuplé de milliards de micro-organismes qui vivent en symbiose avec nous. Loin de se limiter à la digestion, il joue un rôle clé dans :

  • la modulation de notre système immunitaire,
  • l’équilibre de nos humeurs,
  • notre capacité à gérer le stress,
  • notre métabolisme général,
  • et même notre susceptibilité à certaines maladies chroniques.

Récemment, des chercheurs ont élargi leurs investigations vers un domaine encore peu documenté : le neurodéveloppement, et plus particulièrement les liens possibles entre le microbiote et les troubles du spectre autistique (TSA).

Une étude qui souligne le rôle du microbiote maternel

Publiée dans The Journal of Immunology, cette recherche a été menée sur des modèles murins. Son objectif : comprendre comment la composition du microbiote intestinal de la mère peut influencer le développement cérébral de ses petits.

Comme l’explique le chercheur principal, John Lukens, « le microbiome est important pour déterminer la manière dont le système immunitaire de la descendance va réagir à une infection, une blessure ou un stress ». Autrement dit, l’état intestinal de la mère pourrait conditionner les réactions immunitaires de l’enfant… et par extension, la construction de son cerveau.

Le rôle clé d’une molécule inflammatoire : l’IL-17a

Les scientifiques se sont particulièrement intéressés à une molécule appelée interleukine-17a (IL-17a). Connue pour son implication dans diverses affections inflammatoires, cette cytokine est aussi essentielle dans la défense contre certains pathogènes. La nouveauté ? Son influence possible sur le développement cérébral in utero.

En bloquant cette molécule chez certains sujets, l’équipe a observé une réduction des comportements évocateurs de TSA chez les souriceaux. En revanche, lorsque le microbiote maternel était très inflammatoire, ces comportements persistaient même en l’absence d’IL-17a.

Une validation par transplantation microbienne

Pour confirmer ces observations, les chercheurs ont réalisé un transfert fécal entre deux groupes de souris :

  • l’un présentant un microbiote très inflammatoire,
  • l’autre bénéficiant d’une flore plus saine et équilibrée.

Après avoir modifié le microbiote du second groupe pour le rendre similaire au premier, les petits nés de ces mères « modifiées » ont montré des comportements similaires à ceux observés dans le spectre autistique. Preuve que la qualité du microbiote maternel suffit à influencer le développement neural du petit.

Et pour nous, dans la vraie vie ?

Bien sûr, il s’agit d’une étude animale, et les chercheurs rappellent avec prudence que ces résultats ne sont pas directement transposables à l’humain. Mais ils ouvrent une piste sérieuse quant à l’importance capitale de la santé intestinale pendant la grossesse.

Et si un microbiote équilibré était l’une des clés d’un développement optimal chez l’enfant ? La communauté scientifique n’exclut pas cette hypothèse – une raison de plus pour prendre soin de son alimentation, de sa digestion et de son bien-être général pendant la grossesse.

Finalement, notre santé mentale, émotionnelle et cognitive commence bien souvent… dans notre ventre.