Cancer du pancréas : la recherche lève le voile sur son augmentation fulgurante

Longtemps considéré comme rare, ce cancer discret voit ses cas exploser, avec une multiplication par deux en dix ans. La science commence enfin à élucider les causes de cette inquiétante progression qui alerte les spécialistes.
Une inquiétante progression des cas depuis 30 ans
Les statistiques révèlent une hausse alarmante : entre 1990 et 2018, le nombre de diagnostics a crû de 2,7% annuellement chez les hommes et 3,8% chez les femmes. Si cette courbe ascendante se maintient, ce cancer pourrait se hisser au deuxième rang des cancers les plus mortels, juste après celui des poumons. Mais comment expliquer cette progression inquiétante ?
Tabac et alcool : les coupables désignés
Ce petit organe en forme de feuille, niché derrière notre estomac, est un acteur clé de notre digestion et de la régulation glycémique. Quand une tumeur s’y installe, son diagnostic tardif complique souvent la prise en charge.
Parmi les responsables identifiés, la cigarette et les boissons alcoolisées arrivent en tête. Selon les estimations du Circ, elles interviendraient dans 20 à 30% des cas. Autre élément à surveiller de près : le diabète de type 2, qui multiplierait le risque par 1,8.
Le Dr Antoine Hollebecque, oncologue spécialisé à l’Institut Gustave Roussy, tempère cependant : « Nous ne disposons pas encore de toutes les clés pour comprendre cette augmentation rapide. »
L’hérédité : un facteur à ne pas négliger
Dans près de 5% des situations, des mutations génétiques héréditaires entrent en jeu. Certaines prédispositions connues pour les cancers du sein pourraient également favoriser son apparition.
Lorsque plusieurs membres d’une famille sont concernés, la vigilance s’impose. Dans ces cas précis, un suivi médical adapté peut être envisagé après consultation avec son médecin traitant.
Notre environnement sous la loupe des chercheurs
Les scientifiques explorent également la piste environnementale. Polluants atmosphériques, résidus de pesticides, additifs alimentaires… autant de suspects potentiels, même si les preuves scientifiques manquent encore pour établir un lien formel. Notre rythme de vie moderne, avec son stress chronique et son alimentation industrielle, pourrait également peser dans la balance.
Ce cancer se déclare généralement entre 60 et 70 ans. Son dépistage précoce reste compliqué par son évolution souvent silencieuse aux premiers stades, retardant d’autant le diagnostic.
Où en est-on des traitements aujourd’hui ?
Le pronostic reste malheureusement sévère : la durée médiane de survie post-diagnostic ne dépasse pas douze mois. Seuls 20% des patients environ peuvent bénéficier d’une intervention chirurgicale combinée à une chimiothérapie, traitement offrant les meilleures perspectives.
Le taux de survie à cinq ans plafonne autour de 5 à 10%, un chiffre qui n’a pratiquement pas évolué depuis les années 1970, comme le souligne l’American Cancer Society. La recherche et la prévention constituent donc nos meilleurs atouts pour faire reculer cette maladie.
Une vigilance accrue face aux facteurs de risque et l’adoption d’une hygiène de vie équilibrée représentent déjà des protections non négligeables.